Les médiumnités - par Jacques Peccatte
Par définition, le médium est l'intermédiaire entre le monde de l'au-delà et notre monde physique, autrement dit en langage spirite, entre le monde des désincarnés et celui des incarnés. Les modes de manifestation des esprits au travers d'un médium sont multiples. Allan Kardec dans son «Livre des Médiums » avait procédé à une classification précise des différentes médiumnités, correspondant à des sensibilités variées qui ne se présentent pas de la même façon d'un médium à un autre.
Selon les facultés développées au sein de notre association, nous distinguons trois grandes catégories essentielles en médiumnité : les médiumnités intuitives, les automatismes et les médiumnités qui font intervenir un phénomène de transe. Les médiumnités qualifiées d'intuitives sont celles qui font appel à des perceptions de l'au-delà, que le médium doit retraduire le plus fidèlement possible. Déjà dans cette catégorie, il faut distinguer plusieurs niveaux possibles de perceptions.
Au premier stade, il s'agit d'une simple idée qui s'impose au médium. Cette idée, le médium doit la retransmettre au mieux. S'il s'agit de clairvoyance, le médium exprime dans son propre langage l'idée qui a traversé son esprit. En art médiumnique (peinture, sculpture, poésie, musique), le médium met en forme l'idée, avec ses propres moyens, ce qui pourra donner lieu à quelques maladresses, selon sa sensibilité artistique et sa capacité à bien restituer l'idée perçue. À ce stade, le médium connaît souvent la difficulté de savoir distinguer entre une réelle perception et son propre imaginaire.
Au fur et à mesure du développement médiumnique, les idées transmises par l'au-delà vont devenir de plus en plus claires et précises. En clairvoyance par exemple, l'idée sera supplantée par des images ou clichés, des mots puis des phrases entendues intérieurement. En peinture médiumnique, le médium aura la vision de l'œuvre qu'il doit reproduire. Ainsi donc, la médiumnité dite intuitive passe sensiblement du stade de l'idée mal définie au stade de perceptions plus précises qui s'imposent au médium sous forme d'images, de phrases ou d'impressions suffisamment fortes qui deviennent des certitudes.
Les automatismes
Au fil du développement, la médiumnité pourra, soit en rester au stade intuitif, soit transiter progressivement vers le stade de l'automatisme de la main. Nous avons l'exemple de l'écriture semi-automatique qui peut devenir écriture automatique.
Le plus souvent, au début du travail expérimental, le médium perçoit une idée qu'il doit retranscrire par écrit avec son propre vocabulaire. Ensuite, il perçoit plus distinctement des mots, puis des phrases, qu'il retranscrit là encore. Et dans la phase suivante, si sa sensibilité le permet, il perçoit les mots en même temps qu'il les écrit. Et il peut même dans une phase ultérieure, ne plus percevoir distinctement les idées et les mots. Il est alors dans un état second plus profond, sa main est prise par la volonté de l'esprit qui se manifeste, le médium n'est plus maître de sa main, le geste devient rapide, saccadé, l'écriture est alors très rapide, avec le petit inconvénient qu'elle devient plus difficile à déchiffrer. On est alors passé du stade de l'écriture semi-automatique à celui de l'automatisme pur. L'automatisme de la main est aussi la particularité inhérente à la technique de la planchette oui-ja et il peut également se développer chez un peintre médium.
La clairvoyance
C'est une perception extrasensorielle qui met en rapport le sujet clairvoyant avec une personne, une situation ou un évènement. Il s'agit d'une relation télépathique entre le clairvoyant et l'objet de sa perception. Dans le même ordre de faculté, il faut inclure la clairaudience et la psychométrie (perception partir du support d'un objet). Cette sensibilité peut aussi être qualifiée de médiumnique lorsque le sujet entre en contact, non plus avec un humain ou une situation humaine, mais avec des entités désincarnées.
Transe et incorporation
La troisième catégorie de phénomène qui correspond à la transe médiumnique se distingue totalement de l'intuitif ou de l'automatisme. L'esprit impose sa présence d'une manière plus physique, en utilisant le corps du médium. Plusieurs stades, là encore, sont mis en évidence : l'esprit peut influencer le médium en l'entourant de ses fluides, l'induisant dans un état second. L'esprit annihile la volonté du médium, il l'enveloppe de son fluide et il le guide en utilisant tout ou partie du corps, dans la gestuelle ou la parole. Le stade suivant est celui de l'incorporation : suite à un phénomène de transe, l'esprit du médium accompagné de son périsprit est extériorisé du corps. L'esprit désincarné intègre alors le corps du médium, il s'incorpore selon le terme. Il a alors toute possibilité de se mouvoir et de s'exprimer verbalement.
Les médiumnités développées dans notre association
La médiumnité est une sensibilité exacerbée qui prête à certaines personnes la faculté de servir d'intermédiaire aux esprits de l'au-delà. Cette sensibilité ne s'improvise pas et n'est pas transmissible.
Généralement, toute forme de médiumnité demande un développement expérimental avant d'être opérationnelle. Ce développement sera plus ou moins long, variant de quelques mois à quelques années, selon la sensibilité et les influences subconscientes propres au médium. Il arrive en effet très souvent que les premiers résultats ne soient que le reflet de la pensée du médium lui-même. Et c’est par un travail régulier que ces influences personnelles finissent par disparaître au profit de la réelle manifestation des esprits. La médiumnité doit s’exercer en groupe dans une ambiance de recueillement, avec des participants avertis et compétents, capables d’accompagner correctement le médium dans son développement.
L'écriture semi-automatique ou intuitive
Le médium écrit les mots et phrases qui s’imposent à son esprit. Lors des premières expériences, il s’agit souvent d’idées globales que le médium s’évertue à mettre en forme. Ensuite, cela devient une forme de dictée où le médium perçoit mot à mot le message de l’esprit. Au cours du message ou à la fin, le médium perçoit l’identité de l’esprit.
Le Oui-Ja
Le oui-ja est constitué d’une planche recouverte de feutrine, sur laquelle on a collé les lettres de l’alphabet disposées en arc de cercle. Sont également disposés les chiffres de zéro à neuf. Le médium utilise une planchette qui épouse la forme de la main et sous laquelle on a planté des clous de tapissier, pour un bon glissement et afin d’éviter le bruit du frottement. Le médium pose sa main sur la planchette et se recueille avec les participants. Sa main mue par l'esprit dirige le oui-ja rapidement et de façon automatique vers les lettres et chiffres qui formeront un message. L'assistance d'un lecteur et d'un transcripteur s'avère indispensable.Dans cette forme de dictée lettre par lettre, le médium ne perçoit pas le contenu du message.
L'écriture automatique
L'esprit utilise la main du médium, et dans la pulsion qu'il lui donne, écrit d'un seul jet et de façon rapide des mots reliés entre eux jusqu'à la fin du message. Le geste est souvent vif et saccadé produisant une écriture parfois difficile à déchiffrer.
Très souvent, lors des premières expériences, l’écriture est d’abord intuitive pour progressivement devenir automatique. Lorsque l’automatisme prend le pas sur l’intuitif, le médium perçoit les mots en même temps qu’il les écrit. Et dans une phase suivante, cette perception télépathique disparaît, l’esprit utilisant directement la main du médium.
Le sommeil magnétique
Sous l'influence de passes longitudinales lentes prodiguées par un magnétiseur, le médium est plongé dans un état second, propre à déclencher des perceptions. Le sommeil magnétique est un état médiumnique qui permet, soit la lecture de vies antérieures, soit le contact direct avec l'au-delà. Dans les deux cas, le contenu informatif est sous le contrôle des esprits, qui transmettent télépathiquement à l'esprit du médium, images, descriptions et commentaires. Le médium retraduit tout ce qu'il perçoit, d'une voix en général faible et monocorde. Dans ce que l'on appelle la lecture de vies antérieures, le médium voit se dérouler des épisodes de la vie à relater, un peu comme s'il assistait à un film. Des images se succèdent, il les décrit, il ressent l'ambiance du moment et perçoit toutes les informations nécessaires à la compréhension des images.
L'incorporation
Le médium recueilli s'abandonne entièrement pour laisser son esprit quitter son corps physique. C’est alors que l’esprit souhaitant se manifester prend possession du corps du médium, trouvant ainsi la possibilité de se faire reconnaître dans sa personnalité passée, par son langage, son accent ou sa gestuelle.
L'esprit du médium réintègre son corps physique à l'issue de la séance. Cette médiumnité rare est très éprouvante pour le médium, donne lieu à des modifications physiologiques, principalement au niveau de l’influx nerveux et du rythme cardiaque.
La clairvoyance médiumnique
Le médium travaille à partir de la photo d’un décédé qu’il a entre les mains. Les perceptions peuvent être des impressions, des sensations, des images ou des idées qui s’imposent clairement. L’intérêt de cette forme de clairvoyance est de percevoir l’état et la situation de l’esprit dans son au-delà, esprit qui peut éventuellement donner un message dont le clairvoyant restitue le contenu. Il arrive que l’esprit se fasse reconnaître selon l’image physique qui était la sienne : le clairvoyant perçoit alors une image nette l’esprit et peut le décrire.
Les arts médiumniques
Dans notre association, plusieurs artistes médiums travaillent en peinture, en sculpture, en musique et en poésie, recevant l’influence des esprits dans des créations voulues par l’au-delà. Selon les cas, ces médiumnités sont intuitives ou automatiques ; on y retrouve, comme pour l’écriture, ces deux cas de figure.
Les médiumnités thérapeutiques
Sous l’influence d’un esprit médecin, le médium laisse aller ses mains sur le corps allongé du patient. L’esprit travaille fluidiquement ou magnétiquement avec des gestes, impositions ou autres mouvements qui échappent complètement au contrôle du médium.
Autres médiumnités
La xénoglossie
Ce terme inventé par Charles Richet (1850-1935) qualifiait une médiumnité par laquelle les médiums parlent ou écrivent en langues étrangères ignorées d'eux-mêmes et des assistants à la séance. On retrouve de nombreux cas étudiés et relatés par Ernest Bozzano dans son livre « La médiumnité polyglotte ».
L'ectoplasmie
L’ectoplasme est une substance blanchâtre qui s’extériorise du médium sous l’impulsion de l’esprit qui se manifeste. Cette substance, créée à partir des cellules physiques du médium, s’extériorise par la bouche, le nez ou au niveau du plexus. Elle prend alors des formes diverses, mains, visages ou parfois corps tout entiers. L’esprit fait vibrer la substance ectoplasmique pour lui donner forme humaine. C’est ainsi que des esprits ont pu se matérialiser, partiellement ou entièrement, devant une assistance spirite. Ce phénomène fut étudié fin 19è et début du 20è siècle par le monde scientifique, avec des personnages comme Gustave Geley, William Crookes, Charles Richet, Gabriel Delanne et de nombreux autres.
La clairaudience
La clairaudience est souvent une particularité qui s’additionne à la clairvoyance. Le clairaudient peut entendre l'esprit de deux manières : par la perception auditive d'une voix intérieure ou par l'ouïe, en une voix faible mais distincte perçue de l'extérieur.
L’écriture directe
Ecriture qui apparaît spontanément sur un papier ou une ardoise sans intermédiaire physique. L’esprit utilise l’énergie fluidique du médium qui se trouve à proximité. Ce phénomène fut authentifié à plusieurs reprises au début du XXè siècle.
Les arts Médiumniques
Les œuvres produites ne sont pas le fruit de l’imaginaire, mais le résultat de la volonté des artistes, devenus invisibles, à communiquer avec nous. Leur envie d’exprimer leur pensée créatrice auprès des hommes continue. Pour cela, ils ont besoin d’intermédiaires que l’on appelle médiums. La musique, la peinture, la sculpture, la poésie, la littérature, toutes les formes d’expression humaine sont utilisées par les esprits de l’au-delà. L’art médiumnique est la traduction de leur amour pour les hommes et la preuve de la survivance de l’âme après la mort.
Les artistes ne sont pas morts, ils sont là, présents autour de nous, ils continuent de créer pour atteindre nos consciences. L’artiste désincarné pense, imagine la forme, compose, crée l’émotion ; le médium le reçoit par télépathie. Ne comparez pas l’œuvre d’aujourd’hui, œuvre de l’au-delà, avec celle d’hier. Laissez-vous envahir par le message donné, recevez avec votre cœur, alors, nous l’espérons, vous comprendrez. L’art médiumnique est un message pour l’humanité, la traduction directe de l’expression spirituelle. Il doit être reconnu en temps que tel. “Si l’émotion n’existait pas, l’art n’existerait pas, l’esprit n’existerait pas, Dieu n’existerait pas.” Pablo Picasso.
Les risques d'une expérimentation hasardeuse
Pour répondre de façon globale à de nombreuses questions concernant la pratique et l’expérimentation en spiritisme, voici quelques éléments d’information et de réflexion.Le développement d’une médiumnité est une affaire complexe qui entraîne de nombreux apprentis vers des écueils funestes.
Le plus souvent, toute personne qui s’aventure à communiquer avec l’au-delà est victime dans les premiers temps d’influences provenant de son propre subconscient ; ceci est pratiquement une règle générale. On voit aussi des médiums qui sont perpétuellement en contact avec leur imaginaire, et qui croient en toute bonne foi communiquer avec des esprits. La question est très complexe, elle nécessite donc la plus grande circonspection.
On ne peut pas prétendre à développer une sensibilité médiumnique sans bien connaître le sujet spirite. Tous les acquis obtenus par les pionniers du spiritisme méritent d’être étudiés, grâce à la lecture de leurs nombreux ouvrages.
L’au-delà qui nous environne n ‘est que le reflet de notre humanité terrestre, en d’autres termes, les esprits des décédés ne sont pas tous animés de bonnes intentions. Une personne qui a un potentiel médiumnique et s’exerce à l’expérience prend donc le risque de se trouver un jour ou l’autre en présence d’un esprit dangereux, qui peut devenir au fil du temps un esprit obsesseur. Il peut s’ensuivre de graves troubles d’ordre psychique, qui parfois s’apparentent à certaines pathologies psychiatriques.
Nos conseils
Nous estimons qu’il est dangereux de s’aventurer à vouloir communiquer avec l’au-delà sans connaissances préalables. Lorsque l’on a une idée juste et suffisante des réalités spirites et médiumniques, on sait alors ce à quoi l’on s’expose en toute connaissance de cause.
De plus, outre une formation théorique indispensable, une personne qui souhaite communiquer avec l’autre monde doit le faire dans le cadre d’un groupe structuré, expérimenté et averti qui saura faire face aux éventuelles difficultés, qu'il s’agisse des manifestations subconscientes ou d’interventions indésirables de mauvais esprits. En d’autres termes, nous déconseillons de pratiquer en dehors du cadre spirite.
Régulièrement nous recevons courriers et e-mails, provenant de personnes qui sont désemparées, face à des mauvais esprits (supposés ou réels) dont elles ne parviennent pas à se débarrasser. Nous ne pouvons décemment que les inviter à stopper toute expérience, afin que leurs désordres psychologiques déjà évidents, ne s’aggravent pas davantage.
Ainsi donc, chers correspondants, quelle que soit votre curiosité et votre soif d’expérience, ayez la sagesse de faire les choses dans l’ordre. Commencez par vous instruire, découvrez l’au-delà par la lecture des grands auteurs spirites, et ensuite vous y verrez plus clair. Le cercle Allan Kardec vous propose aussi de découvrir l’actualité spirite, au travers de ses livres parus et de sa revue trimestrielle« Le Journal Spirite ». Vous trouverez toutes les références de ces ouvrages du passé et du présent sur ce même site.
Le cercle spirite Allan Kardec reste à votre disposition pour tout autre renseignement.
Conclusions
Nous n'établissons pas d'échelle de valeur entre toutes ces formes de médiumnité, car tout mode de communication, s'il est correctement développé et pratiqué, permet aux esprits de s'exprimer et d'apporter des informations. Que ces informations soient transmises télépathiquement, par écrit ou verbalement, cela n'a pas vraiment d'importance. Il est simplement à noter que certains esprits utilisent plus volontiers un mode qu'un autre : une expression artistique passera par un médium artiste, des soins par un médium guidé en thérapie, un propos général par l'écriture ou la parole. À cet égard, la diversité des médiumnités est un avantage, qui permet aux esprits d'utiliser tous les modes d'expression qui sont les nôtres, la parole, l'écriture, le dessin, la peinture, la sculpture, la musique en y ajoutant les possibilités fluidiques utilisées chez les médiums guidés pour des soins thérapeutiques. Le détail du travail accompli au travers de ces diverses médiumnités et autres facultés a déjà fait l'objet de plusieurs articles et entretiens dans les différents numéros du « Journal Spirite ».