La délivrance du bas astral : un acte spirite. - 1ère partie : la délivrance du trouble
À la fin du XIXe siècle, les travaux d’Allan Kardec ont mis en lumière l’existence d’un état particulier que nombre d’esprits connaissent au moment de leur désincarnation : le trouble. Qualifiée plus précisément de « trouble spirite » dans « Le Livre des Esprits », cette notion a été définie comme un état de confusion dans lequel se trouve l’esprit au moment de sa désincarnation, de sa mort, et dont la durée peut être extrêmement variable. L’esprit « est comme étourdi, et dans l’état d’un homme sortant d’un profond sommeil, et qui cherche à se rendre compte de sa situation ».
La révélation spirite a donc permis de comprendre, dès 1857, que certains esprits ne franchissent pas le tunnel leur permettant de rejoindre leur guide et leur au-delà, en d’autres termes, et contrairement à une idée répandue et véhiculée par la religion, nombre d’esprits « ne reposent pas en paix ». Cet état de fait tient à ce que la terre étant une sphère inférieure, la majorité des désincarnés sur ce globe ne la quittent pas dans la sérénité et la paix, que ce soit au regard des circonstances de la mort ou l’état d’esprit du désincarné quant à ce qui est susceptible de l’attendre au-delà de la vie charnelle, au-delà de la vie dans la matière. Allan Kardec avait observé, et écrit dans « le livre des Esprits », que ces deux considérations exercent une influence certaine sur l’intensité et la durée du trouble vécu par l’esprit.
Sous les questions 163 et suivants du « Livre des Esprits », Allan Kardec explique en effet que l’intensité et la durée du trouble sont souvent à mettre en relation avec les croyances ou certitudes du désincarné concernant son état futur. Une personne convaincue de la réalité de la survivance de l’âme aura plus de facilité à dissiper l’espèce de brouillard qui obscurcit ses pensées au moment de sa mort, à prendre conscience de son état, à se dégager avec plus d’aisance de l’influence de la matière qu’elle vient de quitter, qu’une personne convaincue de la non-survivance de l’âme, laquelle sera bien souvent incapable de comprendre ce qu’il lui arrive. Dans ce dernier cas, l’esprit se trouvera dans une situation identique à celle de la personne qui décède brutalement des suites d’un accident, d’un suicide, d’un crime, du froid ou de la faim, ou, comme nous le rencontrons régulièrement, qui se désincarne dans des conditions violentes, consécutivement à des tortures ou dans le cadre de conflits guerriers. Surpris par la mort, l’esprit ne réalise pas qu’il a changé d’état, ne comprend pas ce qu’il lui arrive. L’esprit qui vient de se désincarner, et qui ne prend pas conscience de sa mort, connaît alors le trouble.
Allan Kardec étant un homme d’une grande intelligence, il avait deviné, au moment même où « le Livre des Esprits » était édité, que les réponses contenues dans cet ouvrage ne constituaient que la base, essentielle il est vrai, d’une science et d’une philosophie qu’il avait jugé bon lui-même de compléter et de développer, ce que d’autres pionners ont fait avant nous. Les acquis du « Livre des Esprits », s’ils sont définitifs concernant les grands principes, réitérés par les esprits à différentes époques, ont toutefois besoin d’être complétés, affinés, voire recadrés en fonction de données plus précises reçues aujourd’hui. Tel est le cas du trouble, puisque les esprits sont venus compléter les réponses données dans « le Livre des Esprits » dans le but d’affiner notre connaissance et notre compréhension de cet état que nombre d’esprits connaissent au sortir de leur incarnation sur Terre. Dans cette perspective, les esprits ont complété leur réponse en fournissant des indications très précises sur les causes du trouble, en mettant en lumière les lois physiques qui illustrent les mécanismes à l’œuvre dans le phénomène du trouble ; en nous expliquant le rôle essentiel que nous, les incarnés, sommes amenés à jouer dans la délivrance des esprits troublés ; et en insistant sur la nécessité de délivrer les esprits dans le trouble, à la fois pour des raisons individuelles et collectives. Ce sont les informations et instructions de l’au-delà, sur ces trois points en particulier, que nous nous proposons de partager avec vous.
Les mécanismes à l’œuvre dans le phénomène du trouble
Si Allan Kardec, à partir des réponses données par les esprits, avait mis en exergue que l’état d’esprit du décédé comme les conditions de sa mort exerçaient une influence certaine sur la durée comme le degré du trouble, nous souhaitons vous faire partager l’extrait d’un message reçu en séance spirite au sein de notre association, en 1986, dans lequel, l’esprit de Léon Denis, par voie d’incorporation, vient compléter, et affiner, la notion de « trouble spirite » en nous en présentant les mécanismes à l’œuvre.
« [...] N’oubliez jamais que l’esprit dans sa désincarnation se véhicule dans l’espace éthéré avec son double éthérique, avec sa semi-matière périspritale et que, par conséquent, l’au-delà, pour l’esprit qui vient de rendre l’âme, n’est pas un au-delà complètement immatériel. Cette semi-matière de l’au-delà est la première explication du trouble des esprits car cette semi-matérialité indique qu’avec lui l’esprit emporte certaines notions de temps et d’espace. Ce temps et cet espace auront été vécus de façon plus ou moins forte à l’intérieur de chaque incarnation. Il est vrai que, de ce point de vue, chaque décès, chaque mort, a son importance capitale. Il est à dire, à répéter, que les guerres, les crimes et les suicides ne peuvent être que l’objet d’un trouble pour lequel l’esprit continue sans cesse de vivre l’instant dernier. Cet esprit là ne peut s’évader de sa prison d’horreur, ne peut s’évader brutalement de ce qu’il vient de vivre et ce qu’il continue de vivre. Les liens de la chair, il est vrai, viennent, quant à eux, de se relâcher avec une certaine promptitude, mais l’énergie vitale, qui relie par l’intermédiaire de votre double éthérique l’esprit à cette même chair, transporte la mémoire de tout ce qui vient d’être vécu. Le vécu n’est pas passé pour l’esprit qui vient de mourir. Je dirai de ce vécu qu’il continue d’être le présent. Voilà ce qu’est le trouble. ».
Comme nous pouvons le constater, la définition du trouble donnée dans « le Livre des Esprits » se trouve enrichie par les explications de l’esprit de Léon Denis quant aux mécanismes à l’œuvre dans le phénomène du trouble. Nous comprenons, à partir du propos reçu, qu’à l’instar de l’esprit incarné qui, suite à une agression violente ou une situation extrêmement stressante, peut se trouver en état de choc psychologique, au point que, totalement submergé par la charge émotionnelle de l’instant vécu, celui-ci ne peut plus réagir, l’esprit désincarné dans des conditions brutales ou violentes, ou parce qu’il a acquis la certitude erronée de la non-survivance de l’âme, ne comprend pas son nouvel état, et de ce fait tombe dans une sorte de torpeur où le vécu terrestre continue de constituer le vécu présent.
Dans cet état de torpeur, plusieurs situations peuvent être rencontrées. Certains esprits revivent en boucle les derniers instants de leur vie charnelle par projection mentale, un peu comme dans une sorte de cauchemar sans fin. D’autres continuent de vivre leur quotidien terrestre, là aussi par projection mentale, demeurant le plus souvent proche des lieux et de ceux qu’ils ont connus de leur vivant. D’autres encore errent seuls, dans le noir, à la recherche de proches, ne comprenant pas ce qui se passe, ni où ils se trouvent. Ces différences s’expliquent par les circonstances de la désincarnation, mais également par l’état d’esprit du désincarné. Dans le trouble, l’esprit est plongé dans un état de torpeur qui fait qu’il n’arrive pas à réfléchir, à maîtriser et structurer sa pensée. L’au-delà étant un monde de « formes pensées », l’inconscient de l’esprit se déverse alors dans un flot de projections mentales traduisant les traumatismes, les peurs, les angoisses de l’esprit, et qui deviennent pour lui la réalité, sa réalité, son présent.
Comment cela est-il possible ? Nous pouvons nous faire une petite « idée » du trouble en faisant un parallèle avec notre activité nocturne : le songe. Il nous arrive tous de faire des songes particulièrement prenant dans lesquels nous vivons ou revivons certaines scènes de notre quotidien avec une telle précision, une telle sensation de réalisme, que lorsque le réveil sonne, il nous faut souvent plusieurs secondes pour reprendre nos esprits, et réaliser que ce n’était qu’un rêve. Durant ces rêves, nous sommes persuadés que ce que nous vivons est la réalité, notre esprit est capable de recréer des lieux que nous connaissons, inventer des conversations avec des personnes que nous aimons ou non, imaginer des scénarios, parfois ubuesques, voire totalement délirants. Nous nous trouvons alors dans des situations qui, le temps d’une nuit, deviennent notre réalité ; une réalité hors de l’espace et du temps à laquelle le réveil met un terme. La situation de l’esprit dans le trouble n’est pas tellement différente à celle que je viens de décrire, et que nous avons tous vécu au moins une fois dans notre vie.